Sélection du mois de Mai
- mathiasclaire510
- 26 avr.
- 2 min de lecture

Parmi les objets qui me sont confiés, certains retiennent l’attention par leur beauté, d’autres par leur complexité.
Ce plat en terre cuite émaillée, réalisé à la manufacture de Saint-Vicens d’après un dessin de Jean Lurçat, réunissait les deux.
🔎 Une ancienne restauration avait été réalisée à l’aide d’un adhésif moderne très puissant, devenu jaune avec le temps.
Le collage précédent posait plusieurs problèmes : l’épaisseur importante de la colle, combinée à la présence de fêlures, avait entraîné des décalages visibles entre les fragments, appelés rehauts, qui nuisaient à la lisibilité de l’ensemble.
D'autres altérations, comme des éclats autours des lignes de cassures et l'un très visible sur le bord de l'oeuvre témoigné d'une cassure violente et d'un collage compliqué.


👩🎨Pour pouvoir intervenir, j’ai dû employer une technique de dé-restauration à haute température afin de rompre l’adhésif sans trop solliciter la matière. La terre cuite étant très poreuse, l’adhésif s’était infiltré en profondeur par capillarité, rendant son retrait très complexe, voire impossible dans certaines zones. Cela a nécessairement eu un impact sur la qualité du nouveau collage, malgré toutes les précautions prises.
Aussi, les deux fêlures profondes créaient des tensions internes. La terre cuite étant un matériau qui “bouge”, les forces se redistribuent après la casse, ce qui complique fortement le repositionnement des fragments.
Ainsi, après le nettoyage minutieux et un nouveau collage réalisé avec un adhésif stable et réversible, le plat présentait encore de légers reshauts, liés aux déformations et aux tensions internes du matériau.

L’étape des comblements a permis de corriger ces irrégularités en masquant les décalages et en reconstituant les zones manquantes. La retouche de l’émail, limitée aux comblements, a ensuite permis à l’ensemble de retrouver une bonne lisibilité et une cohérence esthétique, sans effacer les traces de son histoire.

🫣 Il est important de souligner qu’il est fortement déconseillé de tenter de recoller soi-même un objet endommagé. Même si le résultat peut sembler satisfaisant sur le moment, les adhésifs utilisés ne sont souvent pas adaptés : certains peuvent jaunir, altérer durablement la matière ou pénétrer profondément dans les matériaux poreux, comme la terre cuite. Cela complique considérablement le travail du restaurateur, allonge les temps d’intervention et augmente les risques pour l’objet, notamment en provoquant de nouveaux éclats lors de la dé-restauration.




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